ART. 33. EXAMEN AYURVEDIQUE

Jour J, le grand jour, examen de massage ayurvédique à dix heures.

Pour commencer, le yoga avec Cyril, comme à l’accoutumer, entame le cours avec le son « Om »

Selon la philosophie indienne, la matière a été créée à partir du son. Et OM est le plus sacré de tous les sons, la syllabe qui précéda l’univers et engendra les dieux.

Le « OM » est considéré comme le mantra le plus sacré de l’indouisme et du bouddhisme tibétain. Il est mentionné dans plusieurs textes traditionnels et en particulier dans les Véda, un ensemble de textes rédigés en sanskrit entre 1500 et 1200 avant J.-C.

L’Om ou « AUM » des védas est devenu le mot sacré « Hum » des tibétains, le « Amin » des musulmans, et l’Amen des Egyptiens, des Grecs, des Romains, des juifs et des chrétiens.

Cette syllabe mystique, admirée pour sa puissance créatrice et sa force transformatrice, est censée être animée d’une incroyable énergie vitale. Lorsqu’ils sont utilisés pour la méditation ou le culte des divinités, ou encore à des fins thérapeutiques, les mantras de la syllabe comme le Om, sont généralement considérés comme les plus importants.

Assise en tailleur dans cette salle de yoga, très concentrée aujourd’hui, lorsque mon esprit dérive, à chaque fois, je reviens à mon mantra en souriant, et répète silencieusement Om.

Ce cours de yoga est un moyen pour arriver à une fin, il est utile dans ce cap décisif de ma vie. Ses étapes dans le yoga sont des codes moraux, la discipline, les postures, la conception, la méditation et l’absorption.

Dans ma prime jeunesse, tout a commencé par la découverte du yoga et de la méditation à l’issue d’une période difficile de ma vie. J’y ai puisé bien-être et apaisement, et l’envie d’en savoir plus sur la culture indienne, d’abord dans les livres, puis, plus concrètement en pratique. Ce yoga me donne la force, je m’enferme dans une pièce vingt minutes au plus, pour pratiquer. C’est un moment pour moi-même.

L’ayurvéda ?

La population urbaine occidentalisée, les « yuppies », a longtemps considéré l’Ayurvéda comme une médecine passée de mode. Mais la tendance est en train de changer, beaucoup de ces mêmes personnes se tournent vers l’Ayurvéda et le yoga, à titre préventif.

L’Ayurvéda, signifie « science de la vie » en sanskrit, est le plus ancien système de médecine holistique à visée préventive de monde. Né et véhiculé en Inde par la tradition orale et consigné il y a plus de cinq mille ans dans le livre sacré du Véda, il fait partie intégrante de la tradition spirituelle du Sanatana Dharma ou religion védique. Sa philosophie et ses principes orientés vers la longévité ont inspiré plusieurs méthodes traditionnelles de guérison, au Tibet, en Chine et en Grèce notamment. Il vise une harmonisation à la fois physique et spirituelle de l’être humain et est aujourd’hui considéré comme une médecine complémentaire et alternative basée sur des médications naturelles, l’utilisation de massage à l’huile médicinale, une alimentation adaptée, le yoga et la méditation.

Comme le souligne ma petite professeur Mandana, il est clair que plus nous avons la foi, meilleurs sont les chances d’obtenir de bons résultats, voire des résultats qui dépassent l’entendement.

D’un autre côté, à moins, justement, d’avoir une foi capable de déplacer des montagnes, il ne faut pas attendre des massages ce qu’ils ne sont pas a priori capables de donner : on peut raisonnablement penser qu’il est possible de venir à bout d’une lombalgie en massant quelqu’un mais croire qu’on va guérir d’un cancer généralisé par un simple massage est, jusqu’à preuve du contraire, une dangereuse illusion. Pour mon humble part, je crois profondément aux vertus du massage mais je pense également que celui-ci a ses limites. En fait, il se présente comme une technique capable de résoudre par elle-même nombre de problèmes mais aussi et surtout, à l’image de nombres de techniques thérapeutiques, comme outil complémentaire. Lorsque par exemple, quelqu’un a mal au dos, un simple massage peut suffire à l’en débarrasser. En revanche, si ce mal de dos a une origine vertébrale profonde, il conviendra de consulter un ostéopathe, un acupuncteur ou même les deux, ce qui n’empêche pas de grandement soulager le malade avec des massages qui permettront alors non seulement de « préparer le terrain » mais encore de l’entretenir.

Quelqu’un qui pratique le massage ne doit pas se substituer aux médecins mais, au contraire, être celui qui prolongera son travail ou encore celui qui conseillera à une personne d’en consulter un. En un mot comme cent, croire aux vertus du massage doit pas nous priver d’en concevoir les limites.

Pour obtenir le diplôme de massage ayurvédique, mon cobaye, c’est Cyril ! Très anxieuse et davantage encore ! Pour réussir mon examen, le maître doit s’endormir pendant la séance. L’adorable petite Mandana me rassure me disant : Tu as la main, la foi et une excellente pratique. Déjà de minuscules gouttes de sueur commencent à perler sur mon front, bien entendu la température aujourd’hui est élevée, ou bien est-ce moi qui ai cette impression ? En entamant son massage, une chaleur torride commence à s’intensifier dans mon corps en ébullition, mon front dégoutte de sueur. Du revers de la main gauche, j’essuie mon front et mes joues pour éviter qu’elles ne gouttent sur son corps d’apollon.

De longues minutes s’écoulent telles des secondes interminables. La concentration est à son maximum dégageant force et énergie du plus profond de mon être. Après trois quarts d’heure d’efforts, le maître sombre dans un lourd sommeil et ronfle même un peu, il n’a pas pu évaluer la fin de mon massage. Au moment où je lave mes mains enduites d’huile au petit lavabo, le maître au sortir du sommeil se réveille surpris. Avant qu’il n’émette la moindre parole, je coupe court en disant : « j’ai réussi mon examen, vous vous êtes endormi ! ». « It’s ok Cécilia ! » me répondit-il.

 Je suis au comble de mes vœux, mon cœur saute de joie en me félicitant. Mais le maître ne me lâche pas si vite, il m’incite à continuer mes cours de yoga, j’accepte avec joie.