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Voyager seule en Inde - Voyage Inde - Kérala Inde du Sud - Cap Comorin - Train à Bombay - Car Inde - Seule à Bombay - Goa - Les Backwaters du Kérala

ART. N°13. 1ère partie. TRAIN de BOMBAY et BIDONVILLES

Nous marchons jusqu'au grand carrefour, traversons le flot de voitures, des deux-roues et d'humains.

Comme un fleuve qui a inversé sa direction, le courant se précipite vers le nord. Une humanité fatiguée quittant banques, compagnies d'assurances, magasins de chaussures, de tissus ou de confection.

- Vers le nord, par autobus bondés, trains surchargés, vélos brinquebalants, ou sur ses pieds douloureux.
- Vers le nord en direction des banlieues et des bidonvilles, de maisons, de taudis, d'appartements, de baraques en tôle ondulées, de coins de rues et de trottoirs, de huttes en carton.
- Vers le nord jusqu'à ce que le courant disparaisse dans la nuit, ses eaux étales mais paisibles, essayant de récupérer suffisamment des forces pour regonfler la marée du matin vers le sud, cycle éternellement recommencé.

Nous montons dans un rickshaw, fendant la foule de véhicules en tous genres, direction gare Victoria pendant environ vingt minutes. Devant la gare Victoria, ce bâtiment historique, classé au patrimoine mondial par l'UNESCO, je m'extasie sous les statues et les gargouilles qui me considèrent étrangement. A l'entrée de la gare, on entend siffler et rouler les trains.

Dans le hall gigantesque, ça grouille d'existence. Un brouhaha résonne dans cette immense enceinte qui ne semble pas correspondre aux locaux qu'elle abrite. Aux guichets dans la file d'attente pour obtenir les tickets, des faces bigarrées en compagnie de quelques saris de couleur attendent avec une patience exemplaire. Des marchants ambulants, des groupes d'enfants mendiants, des femmes en sari assises sur le sol avec enfants et baluchons. Dans un coin, une femme âgée, tend une main fragile aux passants qui semblent ne pas la voir, de vieux indiens en dhoti discutent assis en lotus un peu en retrait du monde.

Sur le quai, le panneau indicateur se modifie, et tandis que j'essaie d'en déchiffrer la complexité, le train part plein à craquer, et les hommes qui courent sur le quai renoncent à y monter. Tous sauf un. Il courre comme ça jusqu’au bout du quai. Et soudain, il lève les bras. Des gens dans le train les lui ont saisis. Seigneur, me suis-je dis, il va être traîné le long des voies, il va se tuer ! Ses pieds brinquebalent à l’extérieur du compartiment, je voulais hurler pour qu’on arrête le train. Ses pieds battent l’air, il trouve une petite aspérité à quoi se retenir, glissant, se raccroche. Il est là ayant remis sa vie entre les mains d’étrangers. Il leur a fait confiance. D’autres bras se tendent, qui l’empoignent fermement. Un miracle. 
A qui appartiennent ces mains, et qui sont ceux qu'elles saisissent ? Des indous, des musulmans, des parsis, des chrétiens ? Personne ne le sait, et tout le monde s'en fiche. Ce sont des voyageurs, tout simplement.

Swami me hèle, un autre train arrive. Les wagons ralentissent en un grincement strident ! Des voitures de femmes défilent, les fenêtres sont protégés par un grillage métallique spécial, avec des interstices si petits qu'aucun doigt ne peut s'y faufiler pour importuner les filles d'Eve.

Commence alors, bousculades et débordements, la grande translation des corps puis le train.

Dans le wagon, fenêtres et portes grandes ouvertes, chaleur et humains sont écrasants. Nous sommes serrés comme des sardines en boîte, je comprends maintenant pourquoi Swami a refusé que j'emporte avec ma guitare.

L'odeur singulière qu'exhale l'Indien emplie mes narines. Le train démarre, un peu d'air chaud circule enfin. En montant dans ce train, quelque chose de romantique se passe. Il m'offre un bond en arrière dans le temps, le train est loin d'être luxueux mais ce trajet ferroviaire a la faculté de me happer dans un autre monde. En explorant de nouveaux endroits et découvrant cette culture de plus près. Ce trajet en train me donne l'occasion de réfléchir, la vue change constamment derrière les vitres maculés d'auréoles grasses, d'empreintes de centaines de doigts, de traces sombres et de poussière.

Je suis soulagée lorsqu'un homme me cède sa place, mes jambes, toujours enflées sont douloureuses.
Nous traversons le fameux grand pont de Bombay qui enjambe la mer des eaux bleues de l'océan Indien. En face, le paysage se métamorphose. Devant nos yeux, un pauvre village où des enfants nus jouent le long des rails, certains me font coucou. Une odeur d'ordure repoussante me fait plisser le nez et me soulève le cœur, néanmoins , ma face ne laisse rien paraître. Après environ un kilomètre, un grand bidonville le long des rails.
Des saletés étalées à perte de vue s'étendent sur de vastes plaines tel un désert aride. Des vendeurs ambulants en plein travail sur un petit marché, des vendeuses assises à même les ordures bradent de tout et n'importe quoi dont les bambins négligés trottinent et jouent dans l'insouciance . Puis soudain, nous passons à proximité d'un joli temple, plus loin des enfants débraillés sont occupés à jouer au volley-ball. Environ un kilomètre après le bidonville, l'épouvantable odeur d'égouts à ciel ouvert se dissipe. Ouf

Dans ce train, j'ai l'impression d'observer d'autres vies en échappant quelques instants à la mienne, le temps d'imaginer des scénarios mettant en scène les personnes et les lieux dont j'entrevois l'existence, mais aussi me demander à quoi ressemblerait ma vie si j'habitais là ?

Dans notre wagon, une majorité d'homme, étant la seule femme blanche. Swami me surveille de près, essayant de se rapprocher le plus possible dans cette cohue. Pour le voyage, j'ai pris soin de couvrir les bras et la poitrine, vêtue d'une jupe longue, les regards des hommes se font discrets mais intenses !

Le paysage tristounet révèle de grandes étendues de prairies desséchées parsemées d'arbres morts. Un peu plus loin, la même odeur d'ordures revient, un autre bidonville, même spectacle de désolation. Ceci trois ou quatre fois en trois-quarts heures de trajet.

Dans ce train, j'ai l'impression d'observer d'autres vies en échappant quelques instants à la mienne, le temps d'imaginer des scénarios mettant en scène les personnes et les lieux dont j'entrevois l'existence, mais aussi me demander à quoi ressemblerait ma vie si j'habitais là ?

Dans notre wagon, une majorité d'homme, étant la seule femme blanche. Swami me surveille de près, essayant de se rapprocher le plus possible dans cette cohue. Pour le voyage, j'ai pris soin de couvrir les bras et la poitrine, vêtue d'une jupe longue, les regards des hommes se font discrets mais intenses !

Le paysage tristounet révèle de grandes étendues de prairies desséchées parsemées d'arbres morts. Un peu plus loin, la même odeur d'ordures revient, un autre bidonville, même spectacle de désolation. Ceci trois ou quatre fois en trois-quarts heures de trajet.

 

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