ART. N°23. YOGA à GOA.

C’est un grand jour ! Je crapahute trois quarts d’heure avant d’arriver au centre ayurvédique. La transpiration jaillit de tout mon corps, ma figure est rouge comme une pastèque en arrivant devant la grille du centre.     

Le studio de yoga est à l’étage dans un espace ouvert : une immense terrasse sous un toit très haut entouré de cocotiers, où chants des oiseaux et nature exotique procurent déjà un apaisement. Sur les tapis de yoga, de jeunes indiennes, un jeune homme à l’allure sèche et des anglaises en villégiature à Goa pour plusieurs mois. Comme dans tous les cours de yoga chacun raconte sa petite histoire avant l’arrivée du maître. En bon adepte du yoga, je m’installe en lotus et je rentre à l’intérieur de moi-même. Des ventilateurs tournent tout le temps au-dessus de nos têtes, pourtant des rigoles de sueur coulent sur mon visage et mes bras nus. Cyril s’installe devant nous en tailleur et le silence est de rigueur. Je peux sentir la force de sa présence.

Il commence par émettre des Ooommmms. Je ferme les yeux et m’abandonne aux sons. L’Om vibre en moi telle une abeille dans mes entrailles, sa résonnance ramène mon esprit au calme. Encore légèrement en transe, je me demande ce que j’ai ressentie dans ma tête…Il s’agit du son Om. Pendant tout le cours, le « Om » semble encore se faire sentir.
Il continu sa litanie, un charabia hindou entre prières et chants, une sensation de paix et d’épanouissement intérieur m’envahis. Le cours débute avec des étirements, élongations et assouplissements pendant une bonne demi-heure. Le bienfait de cette pratique soulage mes tensions, retrouvant un peu de souplesse, restant concentrée sur ma respiration pour améliorer le bien-être physique et mental. Les corps chauffés, il frappe des mains en tempo pour la salutation au soleil. Un rythme très soutenu, seul un yogi confirmé peut tenir la cadence. Autour de moi, tout le monde exécute parfaitement les postures. J’ignorais qu’une partie cardio intègre les cours de yoga. La dynamique des cours en Inde est ardue et bienfaisante.

M’accrochant, serrant les dents, ruisselant de tout mon être, je pourrai essorer des litres de sueurs de ma natte. Les minutes rampes encore plus lentement qu’un escargot, vais-je tenir jusqu‘à la fin ? Ce ne sont pas des cours de tout repos, en partie en raison de la chaleur. Les petits corps de jeunes filles réalisant des assanas avec une facilité déconcertante m’émeut, elles retrouvent aisément le calme dans la posture de l’enfant.

Troisième partie les postures en équilibre. Chacun essaie de tenir en Sirs asana (photo ci-dessus). Le maître me propose de l’exécuter le long du mur pour plus de facilité, normalement cette posture est réservée aux yogis chevronnés. Pour clore le cours, tout le monde reprend la posture du lotus pour la méditation. J’aime le yoga, cette réunion de notre esprit et de notre corps dans un espace personnel de réflexion. Quand on découvre cet univers, on peut être un peu déboussolé par sa diversité et la richesse de ses pratiques mais les bienfaits de cette pratique ancestrale (apparue en Inde il y a environ 5000 ans) sont prouvés tant sur la santé physique que mentale. C’est une ressource précieuse dans ce monde chaotique.

Yoga, mot sanscrit, peut se traduire par « Union ». Il dérive de la racine Yuj, qui signifie atteler, accoupler, s’atteler à une tâche à accomplir avec une discipline de bœuf. Et la tâche à accomplir dans le Yoga, consiste à trouver l’union entre le corps et l’esprit, l’individu et son dieu, nos pensées et leur source, entre le maître et l’élève et, même entre nos voisins qui manquent parfois de souplesse.

En occident, nous avons appris essentiellement à connaître le Yoga par le biais de ses exercices désormais célèbres qui tordent le corps, mais cela ne concerne que le Hatha Yoga, une des branches de la philosophie.
Les anciens mirent au point ces étirements physiques non par souci d’entretenir leur forme, mais pour se détendre les muscles et l’esprit et se préparer à la méditation. Mais Yoga peut également désigner l’ensemble des pratiques par lesquelles on essaie de trouver Dieu, qu’il s’agisse de la méditation, l’érudition, le silence, le service de piété ou la récitation d’un mantra, la répétition de mots sanscrits sacrés.
Si certaines de ces pratiques tendent à paraître, dans leur dérivations, assez indoues, le Yoga n’est pas pour autant synonyme d’indouisme, pas plus que les indous ne sont Yogis.