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Voyager seule en Inde - Voyage Inde - Kérala Inde du Sud - Cap Comorin - Train à Bombay - Car Inde - Seule à Bombay - Goa - Les Backwaters du Kérala

ART. N°35. 1ère partie. Ambiance bohème à Goa.

Il n’y a qu’une seule façon de combattre le chagrin et la tristesse de la vie ; par le rire et les réjouissances.

Après avoir librement et pleinement profité de l’expérience sensorielle d’un dîner en solitaire, sur le chemin du retour je m’arrête au pub.
 « Le Molly Malone », un pub irlandais tenu toutefois par des Indiens.
Molly Malone, une chanson aussi appelée "Cockles and Mussels" (les bucardes et les moules), est un hymne officieux de la ville irlandaise de Dublin. Elle est chantée par les supporters de l'équipe de Dublin GAA et l'équipe internationale de rugby à XV. La chanson raconte l'histoire d'une belle poissonnière qui exerçait son métier dans les rues de Dublin, mais qui est morte de la fièvre alors qu'elle était encore jeune.

D’un pas timide, je m’avance vers le bar. La musique puissante, style rock and roll donne l’impression d’être à Bordeaux, cette musique contraste des musiques traditionnelles entendu généralement dans les restaurants indiens.

Seule, je préfère m’installer au bar. Face à moi, le comptoir rectangulaire, où siègent quelques buveurs éparpillés, portant des chopes fraîches vers leurs visages transpirants.
Ici, les expatriés dès leur arriver, se mettent à la recherche de leur bar préféré. Ils s’y cramponnent comme la chaleur d’avant mousson, pendant toute la journée. Ils n’ont rien à faire que de regarder les passants en buvant de la bière. Certains ne semblent pas avoir l’intention de regagner leur pays. Quelque chose devait s’être passé là-bas qui les en avait dégouté, et peut-être n’était-ce pas très avouable.

Je commande une bière, avale une gorgée, m’appuyant sur le comptoir, les yeux mi-clos dans l’atmosphère lourde. Du coin de l’œil, je croise le regard d’un Indien qui me sourit, je distingue de longues dents jaunies, certaines manquent sur les côtés. Un gaillard élancé d’environ 1,75 mètre, les cheveux longs noirs très fins, l’amande de ses yeux s’effile comme chez un félin sur le point d’attaquer.

Le patron du pub cherche des CD dans son grand classeur pour continuer à mettre de l’ambiance. Une estrade en bois domine l’espace où j’imagine les concerts se produire. Du bout du comptoir, l’Indien aux yeux en amandes me demande d’où je viens. Je vocifère pour couvrir la musique. A ma plus grande surprise, il parle un peu français et bien anglais. Nous nous présentons, il s’appelle Jimmy et comme la plupart des Indiens il m’appelle Cécilia, il m’offre une bière puis vient s’assoir à côté de moi au bar.

Rapidement nous nous sommes trouvé un point commun : la guitare. Entre temps, des Indiens et leurs demoiselles sont arrivés. Les Indiennes rient et bavardent un peu avant de se laisser convaincre de boire une chope de bière. Un de leur compagnon indien est un petit homme sec à l’éternel sourire. Ils se sont installés dans le coin le plus sombre du bar, en toute discrétion.

Curieux de m’écouter jouer du classique, Jimmy me tend une guitare, celle-ci est à disposition de chacun pour jouer à loisir dans l’établissement. Gênée, la peur d’être ridicule, par cette sotte idée d’être regardée et écoutée… Le patron du pub coupe la musique, tous les clients ont les yeux rivés sur moi. Je passe la main sur ma nuque trempée, hésitante.

 J’entame une petite pièce de classique. Jimmy expose un visage serein en écoutant ma musique, le jeune indien, le petit homme sec me siffle, d’autres clients me bissent pour un second morceau, puis un troisième. Je remets la guitare à Jimmy, la chaleur et la soiffe se font ressentir !

Jimmy lance un morceau entraînant, qui emplit le pub de son énergie et continu de jouer un petit répertoire de rock and roll bien connu. Les morceaux s’achèvent, et nous applaudissons à l’unisson.

Jimmy est très éloquent, proche de la cinquantaine, c’est un vieux bourlingueur doté d’un riche vécu. Il sillonne l’Angleterre accompagné d’une ex copine anglaise, la France, avec une autre amie, et le Qatar en tant que cuisinier avec son meilleur ami durant plusieurs saisons. Il a le rire facile, un esprit vif et un humour des plus réjouissants. Nous parlons ainsi de longs moments, pour devancer ses éventuelles avances, j’insiste sur une relation purement amicale. De plus, je fréquente un Anglais. Je remarque le regard soupçonneux de Jimmy. Là, encore une fois, le visage se ferme et plisse les petites fentes de ses yeux. Mais il a appris à raisonner avec finesse, ça doit être inné. Il me questionne sur la raison de son absence, il évite de me juger mais comprend mon désarroi.

Les bières commencent à me griser, me déclenchant un blues, j’ai de la buée dans les yeux. Pour me consoler, Jimmy propose un endroit pour manger, c’est comme çà que je me suis retrouvée chez un gars nommé Bob pour rejoindre son meilleur ami.

A suivre…

 

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