Voyager seule en Inde - Voyage Inde - Kérala Inde du Sud - Cap Comorin - Train à Bombay - Car Inde - Seule à Bombay - Goa - Les Backwaters du Kérala
En ville, dans le désordre des boutiques du petit souk parsemé de pashminas chamarrés, de bracelets jaspés et des gris-gris ; mini Bouddha, Ganesh ou tout autre objet de petites tailles auquel on attribue des vertus bénéfiques voire magiques, je cherche mon bonheur pour quelques roupies.
Farfouillant dans les petits bacs en plastic débordant de bracelets de perles, une grande tête blonde émerge de la foule aux têtes sombres. Plongée dans mes recherches, n’y prêtant guère attention, poursuivant mon chemin dans les échoppes, la tête blonde refait surface, elle s’est rapprochée.
Un bel homme, le teint doré des peaux limpides des gens du nord, grand et mince. Vêtu d’un pantalon de treillis, boots et d’un tee-shirt rouge dessiné d’une tête de bouddha. Il s’est mis à me détailler de pied-en-cap. Les joues rougies par la chaleur, des mèches s’échappant de ma natte blonde, simplement vêtue d’une longue et large robe indienne jaune, je suis intimidée. Mes yeux bleu-vert sans maquillage, le visage légèrement hâlé, voyant cet homme, ma première impression me dicte de ne pas en tenir compte. J’oublie.
Mes petites emplettes terminées, je rejoins l’esplanade pour admirer le coucher de soleil, le grand blond se trouve là, portant la main droite à son front pour remettre en place sa mèche blonde descendue sur son front bronzé. Assise sur le petit muret comme bons nombres d' Indiens, le bel homme s’avance vers moi, d’un pas lent et majestueux me fixant d’un impénétrable regard bleu clair telle la mer, d'Oman. Désorientée je le questionne. « Are you British ? », « No ! I’m English », me répond-t-il. Il hoche de la tête m’indiquant le resto bar surplombant la plage. Je le trouve très grand car il me dépasse de plus d’une tête.
Je le talonne dans cet établissement qui m’est inconnu. En haut de l’escalier, dans la grande salle, de jeunes indiens avec leurs compagnes, certainement en vacances à Goa. Nous nous asseyons autour d’une table ronde où de notre hauteur, l’air frais de la mer rafraichit nos joues bouillantes. Cet homme n’est pas dénué de charme, un sourire captivant, une allure d’homme aventureux et intrigant, je pourrais me laisser séduire mais je me sens mal à l’aise vue ma tenue, et mes rondeurs. Son accent anglais est vif, difficile à interpréter.
Nous nous présentons, il se prénomme Steven. Il m’interroge sur la raison de ma présence en Inde, je lui déroule une partie de ma vie d’un anglais primaire. De ses paroles, je devine qu’il travaille dans une SPA indienne : International Animal Rescue. Intéressant, passionnant, je rêverai d’en faire partie. Nous buvons deux grandes bières d’un demi-litre, entre deux gorgées de bière, il suggère de nous restaurer, lorsque l’idée s’infiltre en moi, le resto de fruits de mer sera parfait.
Nous nous installons dans ma cantine de « luxe » de fruits de mer, il m’offre l’apéro, du rhum indien, mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme (Apollinaire). Steven me dévisage en attendant une réaction. Un nectar ce rhum Indien ! Un sourire ravi illumine le visage de l’anglais. Il examine le menu, le front plissé par la concentration, l’estime assez cher, est-il pingre ? Je considère le prix des fruits de mer très abordable. Soit, nous buvons nos rhums, et comme par enchantement quelques mots anglais se délient de ma bouche presque spontanément. Pendant tout le repas, les mots s’écoulent à flots de sa fine bouche dont certains restent encore incompréhensibles.
La lune est pleine comme un fruit délicieusement mûr, elle flotte haut au-dessus de nous, et répand alentour une lumière aux reflets d’étain. Nous descendons sur la plage pour une balade nocturne. Dans le crépuscule le sable paraît blanc comme du sel, décoloré par le bleu profond de l’océan, à l’horizon une barque se détache telle une bougie dans la nuit. L’humidité et la moiteur du sel se plaquent sur nos bras et nos visages.
Assise sur le sable moite, il s’allonge près de moi pour contempler de milliers de petits éclairs qui brillent, une constellation d’étoiles. La lune éclaire son visage, ses cheveux blonds reflètent les rayons dorés, ses lèvres roses pincées et son nez aquilin. Son long corps athlétique m’invite à poser ma tête sur son torse, si seulement j’osais formuler mon désir, alors que je n’ose à peine à me l’avouer. Un des moments les plus romantiques de ma vie.
Il se lève tirant mon bras pour m’aider à me soulever, profitant du geste pour doucement glisser une main dans la mienne, nous quittons la plage dans la nuit paisible pour regagner mon logement.
Il prend mon menton pour me déposer un baiser sur la bouche suivi d’un long baiser savoureux. Soudainement glacée de sueur, je frissonne du baiser inopiné de Steven qui m’entoure dans ses bras. Un pincement me picote, grandit, et m’étreint bientôt le cœur et le ventre.
Une échappée d’amour, un tout petit « viens » pour ouvrir toutes les routes du bonheur, dans l’état d’agitation qui est le mien, que puis-je faire d’autre ?
Pour se rendre en ville, il a emprunté le scooter de son patron, par précaution, il préfère le rapprocher. Pendant ce temps-là, je tente de rentrer dans la Guest house … la porte d’entrée est verrouillée !
C’est la première fois que je rentre à une heure si tardive, les circonstances ne me laissent guère le temps de réfléchir. Il revient en tirant le scooter à la main pour éviter de réveiller la maisonnée et les voisins ; Je tente une deuxième fois d’ouvrir la porte pour lui montrer qu’elle est fermée. Il fait le tour de la maison, découvre une petite porte arrière ouverte. Ouf ! Sauvés. En silence, nous montons dans ma chambre, semblables à des adolescents chez leurs parents. Dans la chambre, il me tire délicatement sur le lit en retirant son tee-shirt, d’une main timide soulève ma robe en échangeant quelques baisers, doux, salés, mêlés de grains de sable. Je frissonne au contact de ses longs doigts, lorsqu’enfin il me regarde, il sourit. Dévorée par cette silhouette qui s’incline devant moi, frémissant à l’effleurement des doigts sur mon buste, je me sens fébrile, nous nous unissons dépassant les frontières du plaisir, dans l’allégresse et la jouissance commune, la fusion de nos corps a engendré une grande harmonie.
Ne pouvant plus articuler un mot, je priais pour que cet instant ne s’arrête jamais. Faire l’amour ne m’avait jamais à ce point mise à nue, dévoilée, déployée, livrée à l’abandon de moi-même. Nous demeurons allongés l’un près de l’autre et je peux enfin goûter le plaisir de poser la tête contre sa poitrine. A suivre..